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Fraise, la cible de trop !

La fraise marocaine semble être la nouvelle cible d’une campagne de dénigrement, mais quels sont les enjeux derrière ces attaques que les responsables européens semblent tolérer ?

« Les attaques acharnées des agriculteurs espagnols, dans les médias, et directement sur les camions de transport contre les produits agricoles marocains exportés vers l’Union européenne se sont multipliées ces derniers jours et ont pris une ampleur de plus en plus inquiétante », faisait observer la COMADER (Confédération marocaine de l’agriculture et du développement rural) dans une note que nous avons publié le mois dernier. Après la plainte de l’institution auprès des tribunaux espagnols, une nouvelle vague d’attaque cette fois-ci plus mesquine est dirigé en direction des fraises marocaines.

Rappelant les campagnes toxiques des années 90 qu’a connues le groupe Sud-coréen Samsung. Dans une note récente, une alerte sanitaire émise par le Système d’alerte rapide pour l’alimentation humaine et animale (RASFF) a mis en lumière une possible contamination des fraises marocaines par le virus de l’hépatite A.

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Comme la goutte d’eau de trop, cette sortie a fait couler beaucoup d’encre au Maroc. Rappelons que cela fait plusieurs semaines déjà que les produits agricoles nationaux sont la cible d’attaque d’agriculteurs européens. Après la Comader, c’est au tour de l’ONSSA de monter au créneau. En réponse à ces allégations, l’ONSSA a assuré avoir mené des investigations approfondies qui ont révélé des résultats négatifs pour l’hépatite A et le virus norovirus. De plus, aucune contamination de l’eau d’irrigation n’a été détectée. Il faut croire que nous sommes dans un contexte d’action de dénigrement en direction des produits marocains.

« Cela prouve que nos produits sont compétitifs »

Contacté par Challenge.ma pour comprendre les enjeux de cette campagne de dénigrement, Mostafa Chehhar, directeur du Domaine vert au Groupe Crédit Agricole nous explique que ces événements sont plus que révélateur.

« Ces attaques exagérées en direction des produits marocains montrent que nos produits sont compétitifs sur le marché européen. Nos produits n’arrivent pas par hasard sur ces marchés, il y a tout un arsenal de normes à l’entrée que nos produits ont passé. De plus, quand on voit ce qui passe sur le terrain, on peut s’apercevoir que ces attaques ont eu l’effet inverse. Les populations de ces pays concerné se méfient davantage des fraises espagnols ». Et de poursuivre : »Aujourd’hui il y a lieu de penser à d’autres marchés. Nous devons, par des mécanismes, faire la promotion des fraises marocaines dans les marchés comme ceux du Golfe ou le marché africain ».

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De son coté, Mohamed Alamouri, président de la Fédération interprofessionnelle marocaine des fruits rouges Interproberries Maroc (IPBM) partage le même constat de la compétitivité de l’offre marocaine. « Il faut tout de même noter que le Maroc a effectué des centaines d’analyses qui se sont révélées toutes négatives. Ce qui me pousse à penser qu’il s’agit d’une rancune sans pareil avec pour but de dénigrer le Maroc et ses produits agricoles », alerte le président de l’IPBM. Et de préciser :  » La COMADER a dénoncé dans un communiqué, publié jeudi 29 février 2024, l’acharnement du lobby agricole espagnol contre les fruits et les légumes marocains et a annoncé sa décision de porter plainte auprès des tribunaux de commerce espagnols. A mon  avis, je pense que cette communication a provoqué les nouvelles attaques acharnées contre la fraise marocaine ». 

Près de 50 ans de production

Le fraisier a été introduit au Maroc depuis les années cinquantes, mais sa culture n’a démarré que vers la fin des années 70 dans deux périmètres irrigués : le Loukkous et le Sous Massa. A partir de 1989 et jusqu’à 1999 le Maroc produisait des fraises dans trois régions agricoles parmi les plus importantes au Maroc : Le Loukkos, le Gharb et le Souss-Massa. Ce n’est que vers les années quatre-vingt que les exportations de la fraise marocaine sur les marchés européens a débuté. En 2022, les exportations marocaines s’élevaient à 22.400 tonnes de fraises fraîches, en augmentation de 17% par rapport à l’année précédente.

 
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