Interview

« La révolution du numérique nécessite que les entreprises repensent leurs stratégies de recrutement »

La grande vague de la transition numérique touche presque toutes les sphères de nos sociétés. Dans son rapport prospectif sur les emplois de demain, les experts du Forum Économique de Davos ont alerté sur la manière dont le numérique va transformer l’architecture des emplois ainsi que les entreprises… Dans cette interview accordée à Challenge.ma, Omar Benmoussa, COO de Maltem Africa, décrypte les axes clés de cette révolution des talents.

En 2023, le Forum Économique de Davos, dans un rapport sur les emplois de demain, démontre à quel point le numérique et notamment l’IA prennent une place importante dans les compétences recherchées… Quel regard portez-vous sur ces prévisions ?

Les conclusions du Forum Économique de Davos quant à l’émergence croissante du numérique et de l’IA dans les compétences recherchées confirment l’émergence d’une nouvelle réalité que nous observons de plus en plus dans le paysage professionnel. Cette révolution du numérique et de l’IA souligne la nécessité pour les entreprises de repenser leurs stratégies de recrutement et de développement des talents pour s’adapter aux nouvelles exigences du marché. Tel un changement de paradigme inéluctable, il est crucial aujourd’hui pour les entreprises de toutes tailles et de tous secteurs de reconnaître ce nouveau contexte et de s’adapter pour rester compétitives sur le marché.

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À quel point, selon vous, le numérique changera-t-il l’image de l’entreprise ?

Plusieurs études ont démontré que l’adoption stratégique du numérique a un impact profond sur l’image de l’entreprise. En effet, cela témoigne de sa capacité à anticiper les tendances et à s’adapter rapidement à un environnement en constante évolution. Les entreprises qui investissent dans la transformation numérique démontrent ainsi leur engagement envers l’innovation, la compétitivité et l’excellence opérationnelle. En intégrant les technologies d’automatisation et d’intelligence artificielle, les entreprises peuvent gagner en efficacité et en efficience. Ainsi, nous trouvons plus de 90 % des entreprises leaders investissant dans de nouvelles technologies.

La formation à ces nouveaux processus a été l’une des recommandations du rapport… Étant un chantier vaste, quels sont, selon vous, les domaines clés ?

La formation aux nouveaux processus numériques doit être holistique et adaptée aux besoins spécifiques de chaque organisation. Cependant, dans cette ruée vers le « tout digital », quelques domaines clés méritent une attention particulière, notamment :

  • La maîtrise des outils et des plateformes numériques pertinents pour l’activité de l’entreprise.
  • Le développement des compétences en analyse de données et en intelligence artificielle pour tirer parti des informations et des insights.
  • La sensibilisation à la cybersécurité pour protéger les données sensibles et prévenir les cyberattaques.
  • La culture de l’innovation et de l’adaptabilité pour encourager une mentalité orientée vers le changement et l’amélioration continue.
  • L’implémentation de la culture agile pour accélérer les initiatives et les chantiers de transformation.

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En France, il y a quelques mois, la commission sur l’IA a transmis ses recommandations au président Macron pour que la France soit un leader de cette discipline, et la formation (au travers de programmes dans les écoles) était l’une des grandes recommandations. Au Maroc, pensez-vous que la formation est assez au centre des ambitions numériques ?

Aujourd’hui, les États ont compris l’enjeu et surtout les externalités positives du numérique sur la croissance économique et la compétitivité. En France, depuis 2016, le Président Macron, avec le projet de la French Tech, a inscrit la France dans la course au leadership dans la Tech. Et à y regarder de plus près, cette ambition affirmée dans le chantier de l’IA confirme davantage le projet de l’élite française de faire de Paris la prochaine capitale des prouesses en intelligence artificielle.

Et pour concrétiser ces aspirations dans ce chantier, la France est consciente qu’il est impératif d’investir de manière stratégique dans le développement des compétences numériques, notamment au travers de programmes spécifiques dans l’IA, comme le recommande le rapport de la Commission de l’IA.

Au Maroc, le numérique est une priorité pour les élites. Des actions stratégiques en témoignent. La création de nouveaux établissements universitaires, à savoir l’École nationale supérieure de l’intelligence artificielle et des sciences de données à Taroudant, ainsi que la transformation de l’annexe universitaire de Berkane en une École nationale d’intelligence artificielle et du digital. Une promotion de la formation en data et cybersécurité est observée pour former les futurs lauréats. Cependant, la formation et le renforcement de l’écosystème des talents Tech doivent demeurer un défi de tous les jours. Cela passe par la création de partenariats public-privé visant à moderniser les infrastructures éducatives, à promouvoir l’accès à une éducation de qualité axée sur les STEM (science, technologie, ingénierie et mathématiques), ainsi qu’à soutenir la formation continue des professionnels pour répondre aux besoins évolutifs du marché du travail.

Omar Benmoussa est un ingénieur de formation de l’EHTP et fondateur du mouvement des Junior-Entreprises au Maroc. Ayant une carrière en consulting et conseil en nouvelles technologies et transformation des entreprises, il est actuellement COO de Maltem Africa et Head of Maltem Academy, deux structures expertes en accompagnement des entreprises dans leurs programmes de transformation Agile, Digitale et Data.

 
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