Culture

SIEL : Gros plan sur l’édition 2024

Le Salon du Livre à Rabat pour sa 29e édition. Hassan El Kamoun, président de l’Association des libraires indépendants du Maroc, nous présente un tableau de cette fête du livre.

« La lumière est dans le livre. Ouvrez le livre tout grand. Laissez-le rayonner, laissez-le faire », disait Victor Hugo. Depuis le 11 mai, la ville de Rabat est illuminée par ses milliers de livres et ses auteurs de renommée internationale, notamment Ossama Muslim, figure de la littérature saoudienne, pour qui la grande foule ne tenait plus sur ses pieds. On peut également citer l’éminent philosophe sénégalais Souleymane Bachir Diagne, auteur de nombreux travaux sur l’histoire de la philosophie et de la logique algébrique, l’histoire de la philosophie dans le monde musulman et la philosophie africaine.

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Étant une des vitrines du soft power culturel du Maroc, cette 29e édition a été inaugurée par le chef du gouvernement, Aziz Akhannouch. La cérémonie d’ouverture a été marquée par la présence du ministre de la Jeunesse, de la Culture et de la Communication, Mohamed Mehdi Bensaid, ainsi que plusieurs personnalités publiques. «Le Salon international de l’édition et du livre joue un rôle essentiel dans l’industrie culturelle et de l’édition, mais aussi dans la sphère économique et sociétale», a déclaré le ministre de la Culture.

Contacté par Challenge, Hassan El Kamoun, président de l’Association des libraires indépendants du Maroc, nous confie que cette nouvelle édition est l’une des plus réussies. « Cette 29e est très bien organisée. Ceci étant, il faut rappeler que le sujet du piratage des livres s’est encore invité à la fête. Nous avons dénoncé deux éditeurs qui exposaient des livres contrefaits dans leur stand. Dans les mois qui suivent, nous comptons lancer un observatoire sur le piratage des livres », déclare Kamoun. Décrivant le salon, il nous révèle que la particularité de cette année est marquée « par la forte affluence pour les romans de développement personnel et de jeunesse en anglais ». « Les lecteurs s’intéressent de plus en plus à la littérature anglaise ».

Au Maroc, une littérature riche mais peu de lecteurs

« La littérature marocaine a les pouvoirs d’attraction d’un kaléidoscope », une célèbre citation de l’écrivain et critique littéraire Salim Jay. Le paysage des auteurs marocains est très riche. On peut citer notamment l’incontournable Leïla Slimani, prix Goncourt pour « Chanson douce » (Gallimard), Tahar Ben Jelloun (ancien lauréat de ce prix et membre de l’Académie Goncourt), le grand poète et romancier Abdellatif Laâbi, ou encore les nouveaux talents Moundir Zniber et Maria Guessous. Avec ses talents, la littérature marocaine fait face à un double problème : un lectorat très limité et un marché du livre qui ne suit pas, avec à peine 3.000 titres publiés par an.

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Une enquête de l’association Racine révèle que 64,3 % des Marocains n’achètent aucun livre. L’étude des pratiques culturelles des Marocains présente également la fréquence de la lecture de la presse. En effet, 48,2 % ne lisent pas les journaux, contre 15 % qui les lisent quotidiennement. 10,6 % ne les lisent que rarement et 26,2 % les lisent environ deux fois par semaine. S’agissant des types de presse que les Marocains lisent, l’enquête montre que 51,8 % lisent les journaux en ligne, 36,3 % lisent des journaux papier payants, et 12 % lisent des quotidiens d’information gratuits.

L’Industrie du Livre au Maroc

Le dernier Rapport annuel de la Fondation du Roi Abdul-Aziz Al-Saoud sur l’état de l’édition marocaine pour l’année 2022 est instructif à bien des égards. Près de 1.320 livres marocains ont été édités en 2022. La langue arabe est prédominante dans le secteur de l’édition, avec un peu plus de 79 % du total (0,38 % pour la langue amazighe) ; les publications dans les langues étrangères constituent une part minime de la production éditoriale du pays, avec 17,42 % pour le français, 2,58 % pour l’anglais et 0,30 % pour l’espagnol. Le segment «Création littéraire» occupe une place importante avec 18,71 % du bilan éditorial marocain. Les études juridiques arrivent en seconde position avec 18,33 % des titres, suivies par les études historiques (11,52 %). Certains domaines des sciences humaines et sociales comme l’éducation, les écrits sur l’art, la gestion ou la psychologie n’apparaissent que rarement dans les catalogues des éditeurs marocains.

L’essentiel de la production éditoriale marocaine est réalisé et diffusé en format papier. Sur les 1.320 livres édités, 10 % seulement sont publiés en format numérique. Le rapport révèle, par contre, une présence importante du français dans le champ numérique avec 70 titres, suivi de l’arabe (39 titres) et de l’anglais (24 titres). Les questions politiques représentent 24,81 %, l’économie 30,83 % et les questions sociales 12 % des publications numériques marocaines.

 
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