Transport maritime

Maroc. CMA CGM va-t-il ressusciter le pôle passagers de la Comanav ?

La compagnie maritime La Méridionale, qui opère notamment la desserte de fret et de passagers vers Tanger Med, va céder ses activités au groupe CMA CGM. Faut-il y voir le retour au Maroc de CMA CGM dans le transport de passagers qu’il a quitté en 2007 quand il a cédé à la Comarit, en février 2009, le pôle passagers de la Comanav qu’il avait rachetée en 2007 ?

C’est Le Marin, hebdomadaire français spécialisé dans les informations maritimes, qui révèle l’information en exclusivité : la Stef, propriétaire de la compagnie maritime La Méridionale, a annoncé, le mardi 7 février, avoir conclu un accord de cession avec la CMA CGM. Cotée en bourse et aux prises avec des échéances financières, la maison mère de La Méridionale a entamé des discussions à « un stade préliminaire ». Mais, selon Le Marin, le deal a été acté. Une déflagration en France, surtout à Marseille. L’information a aussi des résonances fortes dans le microcosme du transport maritime au Maroc. En effet, avec le rachat de La Méridionale, le troisième armateur mondial se dote d’une nouvelle filiale et renoue avec le transport des passagers en rachetant cette compagnie qui connait, depuis des années, des difficultés chroniques et opère notamment la desserte de Tanger.

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Pour autant, la vente de La Méridionale est loin d’être une surprise au vu du parcours mouvementé de la compagnie ces deux dernières années. Les tout derniers événements en date attestent de cette atmosphère fébrile. Ainsi, comme nous l’annoncions la semaine dernière, La Méridionale a pris la décision, le 2 février, d’arrêter dans les prochains jours la ligne Barcelone-Tanger avec le navire Pelagos (dernier départ prévu le 9 février) pour se recentrer sur Marseille-Tanger avec le Girolata.

Lancée en décembre 2020, puis opérée jusqu’à trois rotations hebdomadaires au moyen de deux ro-pax (le Girolata, d’une capacité de 606 passagers et 230 véhicules passagers, et le Pélagos avec 269 passagers et 75 véhicules), la ligne Marseille-Tanger avait très bien démarré. Mais cet élan sera contrarié par le contexte sanitaire puisque ce service n’a été possible que pendant cinq mois en raison de la pandémie. Ainsi, en février 2022, pour relancer la liaison entre Marseille et Tanger, La Méridionale, qui avait été autorisée à nouveau en avril 2022 à transporter des passagers sur cette liaison, a décidé d’intégrer Alicante (Espagne) comme nouvelle escale dédiée aux agrumes/primeurs avant de dédoubler le départ de Tanger en deux composantes : Marseille & Barcelone.

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Aujourd’hui, avec ce rachat, CMA CGM revient pour la première fois depuis dix ans dans le trafic ferries. Faut-il y voir le retour au Maroc de CMA CGM dans le pôle à passagers qu’il a cédé à la Comarit deux ans après l’acquisition de la Comanav en 2007 ? Est-ce la motivation première du troisième armateur de la planète ? « En pleine pandémie (2020/2021), le retour par voie maritime des Marocains du monde a montré la nécessité stratégique de rétablir la flotte nationale de ferries dédiée au long courrier. Par un curieux détour de l’Histoire, l’initiative providentielle de la CMA CGM autorise cet espoir, avec en toile de fond la domiciliation de ce secteur stratégique au sein de la Comanav en y adossant l’entrée de l’Etat au capital de cette dernière !», analyse Najib Cherfaoui, expert portuaire et maritime.

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Pour la petite histoire, c’est en 2007 que le groupe CMA CGM avait acheté la Comanav pour 200 millions d’euros, ce qui lui a permis de disposer d’une part de quatre navires pour le fret Aknoul (1993−2010), Al Mansour (1998−2015), Oued Eddahab (1998−2013), Oued Ziz (1998) et d’autre part de quatre ferries Marrakech (1986−2013), Al Mansour (1998−2015), Ibn Battouta (1998−2015), Mistral Express (2005−2012), Bni Nsar (2008−2014). En février 2009, l’armateur français cède à la Comarit le pôle passagers de la Comanav (80 millions d’euros). Les quatre navires de la Comanav sont ainsi transférés à la Comarit qui les exploite sous la marque « Comanav Ferry ». Quatre ans plus tard, suite à des difficultés de trésorerie, la Comarit se trouve confrontée à des saisies conservatoires dans les ports européens, notamment l’Espagne et l’Italie ; ce qui entraine la disparition de Comanav Ferry, c’est-à-dire qu’il y a eu une perte de l’héritage de 40 années d’expérience dans l’activité des ferries (1975-2013).

 
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