Portrait

Halima Makhrout: La logique de la preuve

Par sa compétence en ingénierie agronomique, spécialité génie rural, c’est très légitimement que Halima Makhrout est en charge d’une activité projetée en centre d’intérêt national : la grande irrigation, au cœur des autoroutes de l’eau, cette ressource vitale.

Elle assure, opérant sur de gros chantiers, dans des milieux ruraux, exerçant un métier rude et perçu comme très « viril », gérant des hommes pas toujours enclins à être « pilotés » par une femme.

Elle est probablement de ceux qui vivent le plus l’évolution du Maroc à travers les drastiques changements climatiques, et rassure lorsqu’elle loue « la résilience du pays, sa capacité à se relever des crises, à s’adapter, à diversifier son économie, et à se préoccuper du développement durable ». Ce qu’elle reconnaît aussi à l’entreprise marocaine, soulignant « qu’elle sait se projeter dans l’avenir, anticiper, s’orientant vers un modèle agile et pérenne ».

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Cela dit, pour elle « il n’y a pas de modèle d’entreprise idéal, chaque entreprise est un modèle, a son identité, il n’y a de vérité que dans l’impératif de faire progresser l’humain, lui qui fait l’entreprise ».

Nul doute qu’elle est inspirée par son entreprise, dans un métier où elle a su concilier toutes les contraintes, être arrivée à un juste équilibre entre vie privée et vie professionnelle, un métier où elle se dit « très bien, mon carburant c’est le management de cette entreprise à travers l’autonomie, la responsabilité, l’humanité, ne pas connaître de discrimination. Dans mon entreprise, je dirai même que ce mot, on ne sait pas ce qu’il signifie ».

Un métier où elle a appris, dans des territoires ruraux, à affronter une population d’hommes avec diplomatie et tact, « à être arbitre, impartiale et juste, dans des situations de conflits entre équipes d’hommes », admettant « qu’en même temps c’est plus facile pour elle en tant que femme ». Et elle espère bien, déterminée et convaincue de sa capacité à faire son travail, accompagner son entreprise dans ses ambitions de croissance et de développement, « à devenir directrice technique, influente, qui inspirera de jeunes diplômées, des femmes, à faire mon métier, dans un secteur au premier rang de cette transition vers le développement durable ».

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Les femmes faire son métier… elle y croit, tout en attendant du recensement de la population qu’il révèle « le pourcentage de femmes inactives, responsables de familles, la représentation des femmes dans l’entreprise… l’éducation des filles, en milieu rural surtout… Je vois les femmes dans les régions rurales, elles sont dans des métiers rudes, dans des régions où la main-d’œuvre non qualifiée est entièrement féminine… il faut que ça change ».

Un constat réaliste, comme son avis sur « les hommes parlent et les femmes font » : « ça ne va pas plaire aux hommes, alors qu’ils colportent le cliché inverse, que nous les femmes on parle trop. Et ce n’est pas dans le même sens qu’eux que Margaret Thatcher pense, elle a raison, si on veut des objectifs avec des résultats, ce sont les femmes qui font tout pour y arriver, si on veut du rêve, du mirage, faisons confiance aux hommes, dans le domaine par exemple politique on le voit ».

 
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